Site de Saint Martin

 

C’est au milieu de la plaine, près d’une source et son lavoir, que se situent les restes de la chapelle romane dédiée à Saint Martin. De ce bâtiment, qui dut être splendide, il ne reste que l’abside demi-circulaire et la tour carré du clocher qui l’avoisine au Sud. Il est classé monument historique.

On peut imaginer que si, au XVIIIème siècle, le comte de Rostand de Sabran, possesseur entre autres des territoires du château et du domaine de Saint Victor ne s’était pas allié au comte de Toulouse mais au roi de France, le site et son marché d’importance régionale, lieu d’échange économique et social, aurait continué à prospérer. il aurait vraisemblablement engendré la croissance de Saint Victor, celui-ci devenant par-là même la place forte économique et politique de la région.

Le plus ancien document connu concernant le territoire de Saint-Victor-la-Coste date de onze siècles. Il s’agit d’une charte du roi de Bourgogne et Provence et Louis l’Aveugle, écrite en l’an 896, au temps des arrières petits -fils de Charlemagne. le parchemin original est perdu, mais il a été copié plusieurs fois au XVIIIème siècle. Dans ce texte, le roi restitue à l’évêque d’Uzès, plusieurs domaines qui lui avaient été usurpés dans les guerres des années précédentes. Parmi ces biens figure celui de St Martin, près du vieux Mayran. Il comprend des terres et des vignes, des « familiers », c’est à dire des esclaves domestiques, hommes et femmes.

C’est probablement ce qui reste d’un ancienne villa romaine et de son domaine (le site témoigne d’une longue occupation portant sur toute l’époque romaine et le haut Moyen Âge) : ancienne puisqu’on parle du «vieux Mayran», romaine puisque mayran (Marianum) est un nom typique de domaine romain.

Sur le domaine se trouvait une église, dédiée à saint Martin probablement pour deux raisons :

  • Saint Martin était évêque soldat, il était normal de choisir un soldat pour fêter une victoire.
  • Saint Martin, qui vivait au IVème siècle, était venu prêcher dans cette partie de la Provence, avant de parcourir le Languedoc. il était arrivé par bateau et débarqué à pont Saint esprit (villa Clara). Il avait laissé une empreinte dans toute la région.

Cette église était-elle à l’emplacement où se trouve actuellement la chapelle qui porte ce nom, Dans ce cas, le domaine devait être fort vaste et occuper une grande partie de la plaine, de Saint Martin à Mayran.

La chapelle que nous connaissons aujourd’hui a été bâtie bien plus tard. Elle est d’époque romane (XIème et XIIème siècle), on peut encore en admirer la finesse du chœur et du clocher. Le domaine n’a pas  cessé d’appartenir à l’évêché d’Uzès, jusqu’à la révolution française, il a néanmoins été soumis à maintes péripéties de l’histoire.

Au XIIIème siècle, le village de Saint-Victor-la-Coste, dominé par la masse imposante de son château féodal, appartient aux comtes de Sabran. Possesseurs d’une partie de la seigneurie d’Uzès, ils dominent le nord du diocèse, dans le pays appelé la Sabranenque.

Saint Victor, qualifiée de« puissante place forte» à l’époque médiévale en raison de son environnement géographique, se trouve être également l’une des plus importante place économique de la région. Le site se Saint Martin, abrite un grand marché régional. La richesse marchande d’une région n’est portée à l’époque que par les marchés et les foires locales. Le marché est le lieu d’achat et de vente de tous les biens de consommations, donc l’une des premières sources de profit des producteurs locaux. mais c’est aussi l’occasion d’attirer les commerçants ambulants qui en marge des grandes affaires, vont produire leurs étalages de bourg en bourg. Le marché constitue un centre d’animation qui réunit la vie de toute la région se de Saint Victor. si on ignore aujourd’hui la fréquence du marché de saint Martin, on devine, par la luxueuse structure de la chapelle attenante, que de formidables richesses devaient circuler à cet endroit.

Les ennuis et pour ne pas dire plus, la déchéance des comtes de Sabran, débutent avec les mouvements cathares. Saint Victor , par son seigneur, le comte de Rostand de Sabran, se trouve rattaché au Comté de Toulouse. Or, Raimond VII de Toulouse, chef des mouvements cathares, entre en guerre contre le roi de France Louis VIII (fils de Philippe Auguste et père du futur Saint Louis). Ayant ainsi pris les armes aux côtés de son suzerain direct contre le roi, Rostand doit à plusieurs reprises demander le pardon et rendre allégeance à la couronne, la première fois en 1223. Et le roi, pour marquer violemment la toute puissance de sa suzeraineté sur son vassal rebelle, se doit de frapper fort. Il décide donc, de sanctionner le centre névralgique des terres immenses de Sabran, il frappe Saint Victor qui a été choisi comme chef-lieu par son seigneur. Il exige en 1225 que le marché qui se tient dans le territoire de Saint Victor, près de l’église de saint martin, soit transféré à Bagnols/Cèze. En contrepartie de quoi les habitants du village sont exempts de payer des droits d’entrée à bagnols, privilège dont ils jouissent de longues années durant.

C’est aussi à cause de ceci, qu’une rue de Bagnols/Cèze devient « chemin de Saint Victor »; outre cette appellation traditionnelle, la rue porte aussi le nom de » Pousterlo basse » en souvenir de nos poternes orgueilleuses, impitoyablement abattues par Louis XIII.

Après une nouvelle défaite en 1248, Rostand est cruellement puni. il est contraint d’accepter la destruction par Oudard de Villers des fortifications de son château.