La fontaine du savoir
C’est un cruel manque d’eau qui préside à sa naissance. En 1884, la pénurie d’eau à Saint-Victor-la-Coste est telle que «la portion féminine de la population la juge insupportable», nos grands-mères disaient à l’architecte venu pour étude et devis « -Ah ! Monsieur , Saint Victor est un bon village, mais…il ne devrait pas y avoir de femmes !»
Les exigences des élus sont claires. Le conseil municipal décide que l’eau doit être assez abondante pour alimenter près de 1000 habitants.
En 1887, le projet de distribution d’eau est arrêté, il sera composé d’un ensemble : la fontaine sur la place de la mairie, et les lavoirs jumeaux. cet ensemble devait palier au manque d’eau sur la commune.
La construction de cette fontaine jaillissante sur la place de la mairie faisait donc partie de cet ensemble.
C’est un captage d’une source située dans la combe de Pialat qui alimentait la fontaine, l’eau étant ensuite acheminée par une galerie drainante (du XVIIème siècle) vers les deux lavoirs jumeaux situés un peu plus au nord du village.
Construite en 1889, l’inauguration aura lieu en 1890.
C’est une fontaine dite de « Galilée » que le maire d’alors, Monsieur Léon Bouchet a choisie. Le cabinet d’architectes Degan père et fils a été chargé de l’étude. une telle construction favorisait également une instruction primaire et publique naissante.
Une obélisque en pierre de taille de Lens, domine un grand bassin. Sur le sommet de la pyramide une girouette malheureusement disparue. Sur ses faces, deux médaillons sculptés représentant Galilée et Newton, la république ainsi que le blason de la commune.
Sur la face Est de l’obélisque, ou apparait Galilée en médaillon une citation de Motyon : «Galilée n’est pas moins célèbre dans le mécanisme que dans l’astronomie». On trouvait un baromètre anéroïde géant, que les agriculteurs sans nul doute ne manquaient pas de consulter.
Une rosace décore la partie centrale. Plus bas un peu d’arithmétique, il est rappelé que le système métrique a été adopté en France en 1795, les anciennes mesures ont été abolies en 1840.
Sur la face Sud, le thermomètre à mercure n’en finissait pas de monter et de descendre au fil des jours et des saisons. (Ces deux appareils n’ont pas survécu à l’épreuve du temps).
La face Nord est consacré à la géographie.
La face ouest, nous rappelle les règles des volumes et des superficies. C’est Newton qui nous est donné en référence. Le physicien Biot nous le présente : «Newton est sans égal comme géomètre et comme expérimentateur». Sont aussi sculptées roses des vents et rosaces.
Telle apparaît aux visiteurs la fontaine de Saint-Victor-la-Coste, ou l’on puisait autrefois l’eau et le savoir.
Le lavoir de Cannes
Le lavoir de Palus
Les lavoirs jumeaux
Prises de décisions du Conseil Municipal
Les problèmes liés à l’eau ne datent pas d’aujourd’hui. En effet, dans les archives municipales ont été retrouvé des écrits datant du 23 juillet 1762 où, lors d’une «assemblée en Conseil au son de la cloche, a été exposé par les Sieurs Consuls que la rareté des eaux est si considérable dans cette communauté qu’à peine on trouve de l’eau pour les besoins nécessaires des habitants et l’abreuvage des bestiaux qui souffrent actuellement, tous les ruisseaux et fontaines étant devenus à sec, n’y ayant que quelque peu d’eau très insuffisante…»
Vers le milieu du XIXème siècle, la pénurie d’eau est telle qu’elle devient insupportable. Aussi, la municipalité décide de faire construire une fontaine et des lavoirs.
Lors d’une réunion du Conseil Municipal du 2 décembre 1843, Monsieur le Maire fait lecture d’une lettre de Monsieur le Sous Préfet du 24 novembre, accompagnée des plans et rapport dressés par l’architecte Monsieur Pralong, relatifs à la construction d’une fontaine.L’ensemble des fouilles de la fontaine et les honoraires de l’architecte ont coûté 586.50 F.
Le 9 novembre 1845,Monsieur le Maire a présenté au Conseil Municipal les plans et devis qu’il a fait dresser pour la construction d’une fontaine et d’un lavoir public et, il a invité à en prendre connaissance et à voter la somme nécessaire pour l’exécution de ce travail. considérant que cette fontaine est de la plus grande importance et d’utilité publique. La population est souvent obligée pendant l’été d’aller laver leur lessive à trois kilomètres de la commune, que l’emplacement choisi pour cette construction est au centre du village, que les fouilles qui ont été faites ont prouvé que l’eau s’y trouvait en assez grande abondance pour l’alimentation de la dite fontaine, le Conseil Municipal vote à l’unanimité la somme de 7566 F sur les fonds disponibles de l’exercice 1846, montant du devis et applicables aux dépenses qui en sont l’objet.
Le 10 août 1847, le Conseil Municipal, vu l’estimation du terrain fait par les sieurs JEAN Jean-Baptiste géomètre à Bagnols et GÈBELIN géomètre à Saint Victor, est d’avis que le Maire Pascal ISSOIRE doit faire cette acquisition. Le prix du dit terrain s’élève à 350 F, Paul BERTRAND étant soumis à la vente de ce terrain au prix fixé.
Le 27 novembre 1848, Monsieur Gabriel MATHON cède à la commune le droit de pratiquer et établir dans une pièce de terre qu’il possède au quartier du Puits des Horts, un canal souterrain destiné à conduire les eaux d’une source à la fontaine et lavoir à établir. Ce canal, d’abord de 2 mètres de largeur aura son ouverture au couchant à une distance d’environ 20 mètres du chemin qui délimite la propriété. Il sera dirigé par une ligne jusqu’à la rencontre du puits communal. A partir de ce point, la conduite n’aura plus qu’un mètre de largeur. Elle sera établie au moyen de tuyaux en briques posés sur un lit de maçonnerie et dirigée en ligne droite du midi au nord, jusqu’au lavoir public. Monsieur Mathon déclare que ladite terre lui appartient, il l’a acquise entre autres biens de Monsieur d’Alauzier (dernier seigneur de Saint Victor) suivant l’acte de maître Morel, notaire à Pont Saint Esprit, le 20 septembre 1845.
La construction de la fontaine et des lavoirs est achevée en 1849. Le budget prévisionnel était de 5850 F. pour parachever l’ouvrage, une statue est érigée sur la fontaine en 1889, elle représente un centurion romain. Malheureusement, cette statue a été détruite.
L’architecture des lavoirs
Les lavoirs sont constitués de deux bassins couverts séparés, entre ces deux bassins il y a une fontaine alimentée par une source dont l’eau s’écoule dans ceux-ci. L’architecture est de style néoclassique. Deux grands piliers carrés en pierre forment les ouvertures des côtés. Les niches de façades et les fenêtre sont également taillées à la main dans de la pierre du Pont du Gard.
La couleur de ces pierres en calcaire coquillé, donne plus de clarté et de chaleur à la lumière du lieu.
Des canaux en pierres taillées amènent l’eau de la fontaine aux lavoirs, ce qui, à l’époque facilitait l’abreuvage des troupeaux depuis la rue.
Les bassins sont constitués de deux parties, une pour le lavage et l’autre pour le rinçage. la toiture repose sur des arcs en pierre de taille (pierre du Pont du Gard), elle est constituée d’une charpente formée de chevrons et poutres sur laquelle sont posées des carreaux en terre cuite, parefeuilles de Fournès, pour isoler. Enfin, des tuiles romanes sont posées pour assurer la protection du bâtiment.
De grandes pierres sont posées en pente, ce qui permettait aux femmes de laver leur linge. Le rebord qui termine la pierre, évitait que l’eau savonneuse ne s’écoule dans le bassin.
En 2001, cet ouvrage, classé monument historique a été restauré à l’instigation de la municipalité. la statue détruite a été remplacée et domine à nouveau la fontaine.
En 2023 restauration du lavoir de Cannes, il a été construit en 1887.