Le village de Saint-Victor-la-Coste occupe une position unique parmi les agglomérations de la vallée de la Tave. Il est le seul qui dispose d’un piton rocheux élevé, sur lequel trône un puissant château fort « Le Castellas ».
Les seigneurs de Sabran font construire le Castellas vers 1125. Cette citadelle devient la place forte de leur domaine et Saint Victor capitale de la Sabranenque, région constituant le domaine des comtes de Sabran.
Elle attire en ces temps troublés, vers le XIIème siècle, la population qui a vécu jusque là dans la plaine et qui vient s’installer sur le flanc nord de la colline, au plus près du château. C’est le vieux village.
Au début du 13ème siècle, le comte de Rostand de Sabran s’allie au comte Raimond de Toulouse, chef des mouvements cathares. il combat le roi de France, Louis VIII, il est battu.
Son pouvoir s’effondre avec ses défaites. Il doit à plusieurs reprises demander pardon et rendre allégeance à la couronne. Il doit livrer le Castellas au Sénéchal royal de Beaucaire qui fait abattre les fortifications. Dès lors, Saint Victor n’est plus qu’une seigneurie parmi d’autres, appartenant successivement aux fastes domaines de plusieurs familles féodales : les Montlor, les Poitiers, les Nicolaï, les Gadagne.
Durant les guerres de religion, le Castellas est un temps occupé par les troupes royales. Puis il reste à l’abandon jusqu’à nos jours.
Devenu récemment propriété de la commune, il fait l’objet d’un projet de réhabilitation dont la réalisation s’étendra sur de nombreuses années.
Cette restauration est confié à l’association des amis de la Sabranenque qui accomplit par ailleurs un travail remarquable de rénovation du vieux village.
Le château primitif (de même que les remparts) sont en pierres calcaires extraites des carrières toutes proches, certaines exploitées dès l’antiquité romaine. Si le château semble arrondi, ce n’est qu’une vision d’optique. En effet, il est formé d’une juxtaposition de murs plans, rendant pus efficace le tir des armes de trait.
Le vieux village s’appuie sur des remparts qui relie 4 tours :
- La tour de l’Ormeau à l’est (dite tour de l’Oume)
- La tour de la Gardette (dite la Poterne) qui contrôlait l’unique entrée du village. les ferrures de la porte et le système de défense (archère) sont encore visibles
- La tour médiane
- La tour du couchant ( tour de l’auro) qui servait de poste de guet
Ce rempart est conservé dans toute sa longueur (300 m environ). Du chemin de ronde subsistent quelques vestiges sur la partie ouest, face sud.
Une deuxième enceinte se situe au sommet de la colline, au contact direct du château actuel. Elle est protégée d’une muraille épaisse. On peut observer des arbalètes et archères en grès rose (grès de Tavien) qui percent cette muraille.
Le donjon est la partie centrale du Château. On y pénètre par une porte d’entrée puissamment fortifiée comme l’atteste le passage qui permettait la manœuvre de la herse et la construction qui supportait son mécanisme.
La cour intérieure a une dimension de 1500 m². Près de l’entrée Est, on peut remarquer une grande salle voûtée (voûtes en plein cintre), et une amorce d’escalier à vis en grès de Tavien, menant certainement aux logements de l’étage. On peut enfin remarquer la Chapelle (8x5m) avec sa double voûte romane décalée, sa tour de guet qui la surmonte et sa façade ouest formée de petits moellons calcaires. Cette chapelle fût apparemment le départ de la construction, et de là, s’est organisé l’architecture du donjon.

SAINT-VICTOR-LA-COSTE
I – Emenon I de Sabran fut présent le 18 décembre 1029 avec le comte de Toulouse, Raymond de Taillefer et plusieurs grands seigneurs à l’acte de fondation du monastère de St Pierre de Sauve alors diocèse de Nîmes. On lui attribue trois fils.
II – Guillaume Ier de Sabran, marié probablement à une héritière des Amies, souscrivit en 1088 avec Elgear d’Uzès, Rostaing de Posquières, Gibelin de Sabran et Ripert de Caderousse à la charte de Raymond IV de St Gilles, Comte de Toulouse en faveur de l’Abbaye de St André.
Il assistait aussi en 1096 à l’Abbaye de la Chaise-Dieu, à une autre donation que fit Raymond IV à l’église de Beaucaire.
Guillaume Ier fut un héros de la première croisade. Il y accompagna le Comte de Toulouse son suzerain conjointement avec Raymond Décan, fils d’Elgear Ier d’Uzès.
Son nom est cité parmi les chevaliers qui eurent la gloire d’entrer les premiers dans la ville de Jérusalem conquise le 15 juillet 1099. Après la mort du Comte Raymond IV qui arriva vers la fin février 1105, Guillaume et Raymond Décan réunissent une assemblée dans leur patrie. On croit que ce fut peu après son retour de Palestine, que Guillaume Ier de Sabran, en action de grâce de sa préservation, fit construire sur une des collines situées à un kilomètre NE de son Château de Cavillargues et à trois kilomètres de son Château de Sabran, la chapelle de St Sépulcre avec son Hermitage.
Au retour de croisade Guillaume dans le dessin d’agrandir la chapelle de son Château de Trèsques en fit transformer l’abside en un transept de ce transept, il fit construire une autre abside à côté de deux autres absidioles, et précédée d’un arc triomphal ou l’ogive commence à apparaître. Ce premier agrandissement de l’église de Trèsques à été réalisé vers 1111.
En 1064, Guillaume Ier assista en qualité de connétable avec Bermond d’Uzès, Pierre de Caderousse, Pierre de Remoulins, Bertrand de Bagnols à la confection d’une charte de Raymond V Comte de Toulouse en faveur du monastère de St Saturnin du Port.
Guillaume Ier eut au moins 4 fils
III – Guillaume II de Sabran eut trois fils qui formait le quatrième degré :
– Guillaume III auteur de la branche des connétables héréditaire des Comtes de Toulouse
– Giraud Amie de Sabran, auteur de la branche des Amic
– Rostaing du Caylar auteur de la branche d’Uzès, lequel se maria avec Rosine, fille de Raymond Ier du Caylar et Beatrix d’Uzès, cette branche d’Uzès dite du Caylar.
IV – Guillaume III de Sabran, connétable auprès de Raymond V Comte de Toulouse, assista en 1164 avec Bermond d’Uzès, Pierre de Caderousse, Pierre de Remoulins et Bertrand de Bagnols à une charte de Raymond V en faveur du monastère de saint Saturnin du Port.
Il eut trois enfants qui formèrent le Ve degré, Rostaing Ier qui suit, Raymond qui fut prêtre et Ermengarde qui se maria avec Guillaume des Baux, fils de Bertrand 1er lequel était devenu Prince d’Orange par son mariage avec Tiburce II unique héritière de Raimbaud IV.
Le comte de Toulouse Raymond V mourut fort âgé à Nîmes en 1194, laissant de Constance, fille de Louis le Gros, Raymond VI dit le Viel, qui embrassa le parti des Albigeois, fut vaincu à Muret en 1213, excommunié en 1215 et dont les Etats furent confisqués.
V – Rostaing Ier de Sabran fit avec son frère en 1199 un acte de donation du moulin et du bois de Montézargues prés de Tavel, en faveur des religieux de l’ordre de Grandmont. La même année Rostaint se maria avec Clémence, fille de Guilhem VII seigneur de Montpellier et de Mathilde de Bourgogne et il passa à son épouse une reconnaissance dotale de 20 mille sous melgoriens sur son château de Trèsques et sa villa de Cavillargues. Quatre ans après en octobre 1203, il signa à son château de St Victor la Coste une autre donation de vastes terrains, situés à Montézargues, près de Tavel.
Sa femme étant morte en 1205 sans enfants, Rostaing Ier se maria en deuxième noce avec Adalmo de Mevouillon en 1205. Il y avait onze ans que son suzerain Raymond V était mort à Nîmes, laissant Raymond VI qui pressait déjà la porte des Albigeois et avait de grands démêlés avec l’église.
Rostaing Ier mourut avant le 15 juin 1209, époque ou l’on vit Guillaume V Prince d’Orange, son beau-frère se porter garant pour les deux fils de Rostaing.
Ces deux fils étaient Rostaing II né en 1206 et Guillaume IV qui formèrent le VIe degré.
La veuve de Rostaing Ier vendit le 23 juillet 1215 aux Chartreux de Valbonne, le domaine de Cadenet. Elle vivait encore en 1227.
Le Castellas de saint Victor est cité pour la première fois dans un acte datant de 1203. Il s’agit d’une donation faite par Rostaing Ier de Sabran aux religieux grandmontains du domaine de Montézargues, près de Tavel. L’acte dit que la donation fut faite dans le château de saint Victor la Coste. C’est la plus ancienne mention du château et du village de saint Victor.
VI – Rostaing II de Sabran (n’avait que 3 ans à la mort de son père Rostaing Ier) n’apparaît dans les actes qu’en 1226, jusqu’en 1221, la mouvance du château de Trèsques avait relevé des Rois de France par la voie des Comtes de Toulouse, mais après la bataille de Muret (1213) lorsque Raymond VI eut été excommunié (1215) et ses possessions confisquées, le roi Philippe II donna le château de Trèsques à Raymond III évêque d’Uzès, et à partir de ce moment tous les seigneurs de Trèsques firent hommage de ce domaine aux évêques de cette ville.
C’est pour cela que Rostaing II dans l’hommage qu’il fit au Roi en 1226 établit une distinction entre les biens qu’il tenait du Roi et ceux qu’il tenait soit de l’évêque d’Uzès, soit de l’évêque d’Avignon.
Rostaing II fut compris dans l’excommunication lancée le 26 août 1240 par l’archevêque d’Arles, contre le Comte de Toulouse et ses adhérents. Il était en effet un des principaux fidèles de Raymond VII.
Aussi après la mort de ce prince le 27 septembre 1249, lorsque le Marquisat de Provence devait passer entre les mains d’Alphonse, Comte de Poitiers et époux de Jeanne, fille héritière de Raymond VII, Rostaing de Sabran pour ôter tout soupçon sur son loyalisme, déclara le 21 octobre 1249 à St Saturnin sur le Rhône, devant le Cardinal Pierre, évêque d’Albano Vice-légat du Pape « Qu’il était résolu de demeurer toujours dans la fidélité du roi » et pour donner des preuves il cédait au Sénéchal de Beaucaire et Nîmes, son château de St Victor chef-lieu de ses domaines et le pria d’en faire abattre les fortifications »
Ce qui fut fait. On le voit figurer pour la dernière fois le 5 mai 1252 parmi les actes d’une transaction passée entre la maison de l’hôpital St Jean et la maison du temple à St Gilles.
Rostaing II de Sabran laissa 2 fils :
Guillaume V de Sabran qui hérita de la terre de Trèsques et
Rostaing IV qui devint Chevalier du temple en 1252 et Commandeur à Orange en 1271 – Guillaume V de Sabran eut un fils : Rostaing V, qui ne laissa comme héritière que Bérengère de Sabran. Celle-ci se maria avec Pons III de Montlaur, agissant en son nom et au nom de Bérengère, sa femme, fit hommage le 22 mai 1326 à l’évêque d’Uzès, Guillaume de Mandagout de la Seigneurie de Trèsques, Sabran et autres lieux.
Toutefois peut de temps après cet hommage, les châteaux de Trèsques, Sabran et Montélus devinrent la possession de la famille des Bedos jusqu’en 1346. A cette époque les deux frères Bedos et Anémon de Bedos, les cédèrent à Guillaume Roger de Beaufort et frère du Pape Clément VI – Guillaume à son tour ne les garda que pendant une vingtaine d’année.
On les retrouve ensuite dans la famille de Montlaur. Pons III de Montlaur eut trois enfants : Pons IV qui continue la descendance ; Gui de Montlaur, dont le fils fut seigneur de Florac en 1384, et une fille Isabeau de Montlaur qui épousa en 1346, Bernard Pelet IV, Coseigneur d’Alais – Pons IV de Montlaur et de Sabran, épousa en 1347, Raimbaude de Sabran, sa cousine au 4e degré, fille de Géraud Amic V, seigneur de Rochefort et de Fournès. Il laissa pour héritier Guillaume de Montlaur.
Par le mariage de la fille de Louis de Montlaur, Anne avec Charles de Poitiers, comte de Saint Vallier, la seigneurie de Saint Victor passa dans la maison des Poitiers. Jehan de Poitiers, appelé Saint Vallier était un grand seigneur qui avait sa place marquée aux côtés de François premier.
Jean de Poitiers vendit en 1501 la seigneurie de Saint Victor à Jean Nicolaï qui fut chancelier du royaume de Naples.
Aimar fils de Jean Nicolaï vendit en 1541 la seigneurie de Saint Victor à Thomas de Gadagne, riche banquier florentin.
Guillaume fils de Thomas de Gadagne, vendit la seigneurie de Saint Victor en 1559 à Imbert du Roy Viguier d’Uzès. La famille du roy. resta à Saint Victor pendant plus d’un siècle.